Rizière - Riziculture

Les conditions de la culture du riz

Le riz est une plante annuelle qui s’adapte à des conditions de températures très diverses, mais chaudes. La culture peut se faire jusqu’à près de 1 900 mètres d’altitude. Cependant c’est une plante très exigeante en eau. À l’origine c’est une plante de marécage. Il lui faut de 1200 à 1 300 millimètres de précipitations pendant sa période de croissance.

Il existe une riziculture sèche où le riz ne dispose que de l’eau des pluies, cette culture se fait sur les haut-plateaux .
La riziculture aquatique est la plus répandue. Le champ est recouvert d’eau une partie de l’année : c’est la rizière proprement dite.

L’aménagement de la rizière
Le riz doit pousser dans l’eau. Le niveau d’eau doit s’élever en même temps que la tige de la plante. Les travaux d’aménagement des rizières sont fait manuellement ou par la traction animale du buffle.

Tonkin - La vie aux champs - Coolies faisant des emprunts de terre pour les digues - Dieulefils Noir 3153 - @552 #2803
Dieulefils

Les champs en eau sont le domaine des canards qui s’engraissent tout en débarrassant la terre des insectes et autres animaux nuisibles et y déposent leurs excréments.
Souvent le paysan pratique la pêche ou la pisciculture dans les bassins-réservoirs d’eau voire directement dans les champs en eau. Les villages forment des tas de maisons installées dans les endroits les moins faciles pour l’agriculture et au dessus du niveau de l’inondation

L’irrigation
L’irrigation est un apport artificiel d’eau grâce à l’activité humaine.
Lorsque la saison sèche est significative et les pluies insuffisantes alors l’irrigation est nécessaire, sans irrigation on ne pourrait cultiver le riz.
L’eau peut être prélevée dans un cours d’eau ou dans des réservoirs (tanks) que l’on remplit pendant la saison des pluies.

Tonkin - Sontay
Noria élevant l’eau pour l’arrosage des riziéres près de Tong
Dieulefils rouge 488D - @xxx #51
dieulefils

Le transvasement de l’eau des canaux vers les champs se fait souvent avec des moyens manuels qui demandent une importante mobilisation de la main-d’œuvre.

Les travaux de la riziculture
Les travaux de la riziculture occupent une grande partie de l’année du paysan, surtout, lorsqu’on fait deux ou trois récoltes. Dans les rizières aquatiques, les travaux se succèdent mois après mois.

Tonkin - Langson
Buffles au labour
près des rochers de Ky Lua
- @xxxx #984 - Dieulefils rouge 809
dieulefils

Le germage
Le germage des grains de riz paddy, c’est-à-dire qui contient encore le germe de la plante, consiste à plonger dans de l’eau le riz.

Le semis en pépinière
Dans la pépinière, petite rizière , parfaitement aplanie, endiguée, submergée et enrichie par les excréments des animaux et des humains sont semés « à la volée » des grains germés. Pour disposer des plants nécessaires pour leur transplantation dans 10 000 mètres carrés de rizière il faut semer entre 50 et 100 kilos de paddy.

La préparation de la rizière
Puis commence la dure période des labours. L’instrument utilisé est l’araire en bois qui est tractée par des buffles. L’animal est attelé avec un collier qui vient buter contre les épaules ce qui donne une plus grande force de traction à l’animal. Une fois le labourage fait il faut aplanir la terre avec une herse qui est un râteau à dents de bois ou une planche, elles aussi tractées par les buffles. Puis on commence la submersion des champs.

Tonking - Hersage d’une rizière - Dufresne - @2014 #2895
Dufresne

Le repiquage des plants
Dès que les champs sont prêts les paysans enlèvent les plants qui sont dans les pépinières. Ceux-ci sont regroupés en petite bottes pour faciliter leur transport vers les champs. Le travail de repiquage, le plus souvent effectué par les femmes est très pénible.

Cochinchine - Cholon - Culture du riz - Le repiquage - @817 #2884
A.T.

Le « repiquer » est courbé toute la journée. Il patauge en permanence dans de la boue. La réflexion des rayons solaires sur l’eau l’éblouit et peut lui causer des dommages aux yeux.
Une personne met vingt jours pour repiquer un hectare de rizière.

L’entretien de la rizière
Le travail principal consiste à maintenir un niveau d’eau convenable dans la rizière : pour cela on irrigue périodiquement. Il faut aussi désherber généralement par sarclage.

La moisson
Dès que le riz commence à présenter des signes de maturité on arrête l’irrigation. On commence la moisson dès que les deux tiers supérieurs des panicules de riz sont jaunis. Elle est très étalée dans le temps puisqu’on a planté des riz à croissance plus ou moins rapide. L’ensemble peut durer quatre mois. L’outil traditionnel est la faucille ou bien le couteau.

La préparation des grains
Les tiges récoltées sont exposées au soleil afin qu’elles sèchent. On procède ensuite au battage afin de détacher des tiges les grains de paddy.

Cochinchine - Battage du riz - carte avant 1904 - Planté 19 - @89 #2785
Planté

Cette opération peut se faire par le foulage aux pieds, par le piétinement des animaux, par le fléau.

Le Vannage
Le vannage consiste à séparer les grains de certaines céréales de leurs diverses enveloppes, non comestibles par les humains la plupart du temps.
Il permet de séparer les balles vides et les impuretés des grains de paddy
Le vannage est l’opération complémentaire du battage, qu’elle suit immédiatement.

Le Décorticage
Après le vannage on procède au séchage à l’ombre et à l’abri de la pluie sur des aires de séchage pendant une semaine. Vient ensuite la phase de décorticage qui consiste à retirer l’enveloppe ou la coque du paddy pour le rendre blanc et comestibles.

Tonkin - Nam Dinh
Décortication du riz
Dieulefils noir 536 - @xxx #577
dieulefils

La mise en sacs- le stockage
La mis en sacs ou le stockage est très important.il faut stocker du riz sec pour éviter la moisissure.

Le transport
Celui-ci doit être rapide pour éviter les pertes dans la qualité et quantité.
Cette opération peut être effectuée de manière traditionnelle (par les hommes ou les femmes, par charrettes à traction animale), à vélo.
Le train et le bateau sont utilisés dans le cadre d’échanges internationaux ou pour le transport de l’aide alimentaire.

« ….les riz usinés ne sont plus transportés dans des sacs de joncs mais dans des sacs de jute … la cargaison à fond de cale, dont le mode d’arrimage amenait autrefois jusqu’à 50 p 100 de perte, à la suite de l’échauffement du grain est maintenant aérée par de nombreux ventilateurs, caillebotis très efficaces. »
Source : Le riz d’Indochine : Guillaume Capus 1918

Les rizeries sont généralement proches des zones de production.

« le port fluvial à Saïgon s’étend sur 12 km à travers Saigon et Cholon. il a été longtemps constitué par le seul arroyo chinois aboutissement du réseau de rizières et des canaux du delta cochinchinois, encombré de jonques qui déchargent les sacs de riz devant les décortiqueries alignées sur les rives.
Il existe à Cholon une douzaine de puissantes rizeries pouvant décortiquer de 500 à 1000 tonnes de riz par jour.

Cochinchine - Saigon - Transport du riz - Rizerie -@558 #2888

La plupart sont entre les mains des chinois qui maitres de la batellerie transportant le riz des provinces sont à même de contrôler tout le commerce du riz. … Le riz ne se prête pas au transport en vrac, les chinois aime mieux employer un main d’œuvre considérable à la manutention qu’introduire des engins mécaniques. »
Source : Saïgon , grand port d’exportation des riz . Elicio Colin 1926.

Source : https://fr.vikidia.org/wiki/Riziculture_asiatique