Les tambours sacrés des Lo Lo

Les tambours sacrés des Lo Lo

Les Lolo noir de la région de Cao Bang, possèdent une paire d’objets sacrés : Des tambours de bronze.

Ces tambours chamaniques sont gardés précieusement dans le village et sont transmis de génération en génération et suivent bien entendu la tribu lors de ses migrations le long des siècles de persécutions durant le temps ancien et trouble de la Chine médiévale.

L’origine remonte selon certaines sources scientifiques, au 1er siècle de notre ère où l’esprit de conquête chinoise remplaça les peaux classiques d’animaux qui ne supportèrent pas les climats humides du sud de l’Asie par du bronze.

Plus tard, ces instruments furent imités par les barbares méridionaux, grands amateurs de gongs et de cérémonial militaire, selon différentes tailles. Après la soumission des tribus révoltées, le tambour métallique devint le symbole de l’autorité conférée par l’empereur de Chine au chef d’un clan pacifié.

Lors des cérémonies funérailles ( fête des parents morts ) les tambours en bronzes sont utilisés comme lien avec les Esprits, des sacrifices d’animaux accompagnent les festivités et les danses mythiques avec des vêtements très variés, c’est ainsi que l’on reconnaît l’appartenance à telles tribus (lolo noir, lolo bariolés, lolo fleurs, les Mia-Tse, Achangs, Les Bais, Les Bulangs, Les Buyis, Les Chams, Les Chins, Les Dongs, Les Hmongs, etc.).

Les obsèques comprennent plusieurs rites originaux (maquillages, danses, rixes...). Les traces de la coutume dite de la chasse aux têtes sont encore nettes : parmi la foule qui forme le cortège funèbre, on distingue une personne portant à l’épaule un sac en coton contenant un bout de bois (ou une courge) sur lequel est dessinée la figure du défunt.

Les Lolos font le culte de leurs ancêtres, parents et proches. Ceux-ci sont représentés sur l’autel par des tablettes funéraires en bois de forme humaine au visage dessiné avec du charbon de bois. Les Lolos réservent une place importante pour les "âmes" dans leur vie spirituelle. Dans chaque maison on trouve un autel aux ancêtres.

Les tambours en bronze antique sont de véritables objets sacrés du peuple Lolo, enterrés généralement pour leurs protections et sortis seulement pour leurs utilisations. Le chef de chaque famille a droit à garder le tambour qui est utilisé uniquement pendant les funérailles ou les fêtes afin maintenir des rythmes de danses.

Le peuple Lolo est parmi les rares groupes ethniques au Vietnam qui utilisent encore des tambours de bronze, un instrument de musique traditionnel étroitement associée à une légende sur le Déluge.

Selon la légende, une inondation catastrophique a eu lieu pour élever l’eau vers le ciel. Dieu a sauvé une fillette et son jeune frère en mettant la fille dans un grand tambour de bronze et le garçon dans un petit tambour de bronze. Lorsque le flot s’est retiré, la sœur et le frère resté sur la montagne, devenant un couple, le recréateur de la perception du mankind.

L’histoire Lolo situe le Yin et le Yang, sur la naissance, est peut-être encore préservée en jouant dans le même temps les tambours mâle et femelle. Les conceptions de cette communauté sur les principes femelle-mâle, sur la fécondité, persistent nettement à travers les duos de tambours mâle-femelle.

Les tambours sont pendus sur un stand aux pieds des morts, face à l’autre. Le batteur est entre les deux, jouant alternativement chaque tambour avec une seule extrémité de la baguette même. Seuls les hommes célibataires ou mariés, mais dont les épouses ne sont pas enceintes peuvent jouer de la batterie. Les tambours de bronze ne sont pas seulement un atout précieux, mais aussi un instrument sacré. C’est seulement avec le son des tambours peut l’âme des morts trouver le chemin pour retourner à la ville natale de son / ses ancêtres.

En se basant sur certains textes, certains ethnologues ont cru reconnaître des rapports d’ordre magique entre la destination guerrière et rituelle des tambours de bronze et la représentation de hérons blancs ou de grues qui en constitue parfois la décoration.

La signification des grenouilles placées sur le disque de ces instruments, en citant des auteurs qui vantent la « musique » des batraciens, et en rappelant l’expression encore courante en Chine : « la grenouille bat le tambour ». Grand rôle que ces tambours ont toujours joué dans la vie des Mans.

Man étant le nom chinois des tribus barbares de l’Indochine et du Sud de la Chine.

Ces tambours étaient l’insigne du pouvoir, et leur appel, lancé au loin, au-delà des monts et des vallées, ralliait autour de leurs chefs tous les hommes aptes à porter les armes. Quant aux grenouilles qui ornent ces instruments, leur présence s’expliquerait par des croyances communes à tous les peuples de l’Extrême Asie méridionale, et d’après lesquelles le coassement des batraciens appelle et annonce la pluie fécondante, indispensable pour les champs ensemencés.

Quoi qu’il en soit, un fait paraît certain : les tambours de bronze tiennent une place importante dans la vie sociale et religieuse de ces peuples.

D’après
cercle-de-samsara.com

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